Après avoir été touchés par la grâce de ma déesse et téléportés à
Specularum par ses pouvoirs, mes nouvelles brebis (
Carpac, Valimen et Claymorh) et moi-même pûmes prendre un repos bien mérité.
Dans la semaine qui suivit, mes prérogatives de prêtresse de
Valérias m’invitèrent à inculquer à ces 3 pauvres âmes les préceptes de
l’église de Karameïkos.
Je pris une journée complète pour leur raconter l’histoire de notre église, ses origines, ses évolutions, ses dogmes principaux. Je leur parlais également de
l’Ordre du Griffon. Certains d’entre eux auraient, en effet, peut-être pour futur objectif d’atteindre cet ordre militaire clérical, dont le prestige n’a d’égal que l’aide qu’il apporte au royaume en accomplissant diverses quêtes à travers les terres connues.
http://lesherautsdujeu.alwaysdata.net/mondes-11.html Une journée me fut ensuite nécessaire par divinité, afin de bien leur faire comprendre les principes de chacun des immortels vénérés par l’église. Étant au nombre de 8, il me fallut donc plus d’une semaine pour un résumé suffisamment complet :
• Astérius
• Halav
• Koriys
• Pétra
• Tarastia
• Valérias
• Vanya
• ZirchevJ’en vins ensuite à me conforter dans 3 jours d’isolation et de ferventes prières, afin de méditer sur notre aventure passée, et de faire corps avec la volonté de Valérias.
A l’issue de cette remémoration, de cette interprétation, je fus ordonnée
Abbesse de Valérias.
Je fus alors convoquée par les grandes instances de l’église. Ma mentor me raconta que les archiprêtres de notre ordre avaient eu des visions.
Des visions contenant des chevaux. Des visions d’un culte ancien, tapis dans l’ombre, que quelques âmes en perdition s’efforçaient de faire renaître de ses cendres.Une ancienne religion, bien antérieure aux Traldars, refaisait surface dans la région de
Kelvin.
Ceci ne pourrait apporter que le chaos, l’instabilité, la peur…. La mort.
Je fus donc mandatée pour aller enquêter sur place avec mes brebis. Notre mission : trouver davantage de preuves et d’explications à propos de ce culte et de ces chevaux.
Une semaine plus tard, nous arrivâmes à Kelvin. Nous prirent position dans une auberge, dans laquelle nous espérions glaner les ragots colportés par les mineurs, les paysans, les pêcheurs et les voyageurs. Les seuls évènements notables du voyage d’aller furent les premiers cours de danse lascive que je donnais à Valimen, afin de l’aider sur la voie de la séduction que lui avait imposée Valérias en échange de sa vie. Mon élève est très douée. Son agilité de « jongleuse » et sa beauté naturelle l’amèneront certainement à dépasser mes compétences dans ce domaine, et probablement plus tôt que je ne le pense.
Une fois attablés, nous commandâmes un repas chaud. L’endroit était moyennement fréquenté. Je pus apercevoir un nain seul, en train de vider un tonnelet de bière, ainsi que quelques voyageurs épars.
Quand l’aubergiste fut sur le point de tourner les talons pour aller préparer notre pitance, un mendiant, c’est du moins ce que laissait présumer son accoutrement, nous accosta, appuyé sur son bâton. Il avait l’air jeune, et pourtant sa pilosité était d’un blanc de neige. Il nous demanda l’hospitalité d’un repas chaud, car il n’avait pas de quoi payer. En tant que membre de l’Eglise, je ne puis décemment refuser la charité à une personne dans le besoin qui demande poliment.
Nous fîmes donc connaissance avec
Ru-Kani. Il avait un fort accent, et semblait éprouver quelques difficultés à s’exprimer dans notre langue. Rien de bien méchant. Il paraissait calme et posé. Il était un fervent adorateur de la nature. Il ne désira pas partager avec nous le nom de la (les) divinité(s) qu’il vénérait. Je fus malheureusement assurée qu’il ne s’agissait pas de
Zirkev. Peut-être pourrais-je convertir cette brebis égarée à la
Vraie Foi ?
Ce ne fut qu’au milieu du repas que nous fûmes interrompus par un jeune homme très timide.
Celui-ci cherchait un groupe de valeureux aventuriers pour les aider, lui et son frère, à escorter un troupeau de chevaux récemment capturés jusque dans la demeure des elfes.
Ces chevaux étaient, selon lui, très spéciaux : Entièrement blancs, ils auraient une connexion très spéciale, quasi-symbiotique, avec les longues-oreilles de la région. Aussi, c’était un « chargement » très précieux qu’il leur fallait mener de leur ferme (
sukiskyn) à la forêt.
Voilà le signe des immortels que nous attendions : voici les chevaux qu’avaient aperçus les archiprêtres dans leurs visions, à coup sûr.
Je fus surprise quand Ru-Kani voulu se joindre à nous. Il me dit alors que son immortel lui avait confié pour mission de « suivre les chevaux » afin, lui aussi, d’enquêter sur le mal qui s’éveillait en ces lieux, et qui menaçait l’équilibre de la nature. Le druide ne jurait que par ce dernier.
Entendant que le jeune garçon parlait de payer son escorte, le nain leva son gros nez rouge de sa choppe, et se déplaça de son pas lourd et pesant, faisant cliqueter son armure de plaques, jusqu’à nous. Voila bien un beau représentant de sa race : robuste, bourru et fier, ses yeux brillaient à chaque itération des mots «
pièce d’or ».
Regardant mon groupe, je compris que, malgré le caractère difficile de ces créatures, nous ne pourrions pas cracher sur l’aide d’un solide combattant.
Avant la fin de la discussion, deux autres voyageurs vinrent à notre encontre, désirant eux aussi se faire embaucher pour la mission d’escorte. A leurs dégaines de paysans, je fus tout d’abord réticente. Mais, après quelques observations, l’homme portait à la ceinture une grande épée très finement ouvragée, tandis que la femme portait un carquois dans le dos, contenant quelques flèches.
Que ne fut pas ma surprise, quand ces deux-là m’annoncèrent en cœur qu’ils étaient magiciens !
L’échange avec le jeune commanditaire dura encore un moment, car il était extrêmement timide, et le nain lui coupait sans cesse la parole car il ne savait toujours pas la seule chose qui l’intéressait : le montant du paiement.
La cupidité des nabots n’ayant d’égal que leur bravoure au combat, il me fallut tout le charisme dont je suis capable pour éviter que la conversation ne s’éternise en une négociation de frais sans aucun intérêt.
Chose peu surprenante de la part du druide : il déclina tout salaire pour cela.
Sa condition d’ascète devait impliquer pour lui de vivre dans la pauvreté, au milieu de la forêt.
Ainsi, on nous donna 30 PO d’avance pour le voyage, nous en promettant 70 de plus à l’arrivé du troupeau en lieux sûrs, le tout par personne.
Le jeune homme nous dit alors que nous pourrions prendre un bac pour remonter le fleuve, ce qui nous prendrait 3 jours environ. Il l’avait affrété pour le surlendemain matin.
Nous aurions alors à longer la rivière pour atteindre la ferme fortifiée de Sukiskyn, le domaine de son frère.
Étonnamment, il ne désira pas faire le voyage avec nous. Selon ses dires, il avait lui-même payé sa place de retour pour le soir même, dans un autre bac…
Après une journée de visite de la ville et du temple local, dans lequel je pris la précaution d’acheter quelques potions de soins supplémentaires, et d’avertir le clerc local de notre passage (point de contrôle), nous nous rendîmes le lendemain matin sur les quais de Kelvin.
Le capitaine du bateau et les 8 marins nous firent monter à bord. Ils étaient
traladriens. Il me fallut stopper une dispute entre le premier et notre nain, car les deux étaient bien trop vantards, et le ton montait très vite. Une paire de claques à chacun instaura finalement le silence, et je distribuais des potions de soins aux combattants, en cas d’attaque du navire… on ne sait jamais…
Grand bien m’en pris. En effet au deuxième jour de l’expédition, notre bateau heurta violemment quelque chose dans la rivière, ce qui le stoppa net, dans un grand fracas de bois.
Nous fûmes alors assaillis par une volée de flèches, à laquelle nous ripostâmes aux moyens d’arcs et de sorts de sommeil. Le navire fut alors abordé par nombre de brigands.
Dégainant nos armes de contact, le combat fit rage, tandis que le druide invoqua un gigantesque nuage de brume épaisse, afin de couper la vue aux archers de la rive.
C’était une bonne idée, si ce n’est qu’à l’intérieur de cette purée de pois, la visibilité était tellement réduite que le combat au corps-à-corps fut difficile. Claymor et Matra, la magicienne, finirent par tomber. Je me servis d’un sort de lumière pour éblouir un des attaquants, le temps d’aller prêter main forte à Vladov, l’autre magicien nous ayant récemment rejoint.
Alors que le nain faisait des ravages devant lui, il sentit une douleur violente dans son dos. Ce n’est qu’en se retournant qu’il comprit qu’un des rameurs, un rouquin, était un traître.
Les attaquants finirent par s’enfuir, et nous fîmes 3 prisonniers. Le druide avait également convaincu, avec quelconque moyen magique, un quatrième de se rendre, mais celui-ci fut abattu par un projectile métallique en forme d’étoile, alors qu’il était attaché sur le pont.
Une fois sur la rive, nous découvrîmes avec effroi que les archers endormis par les soins de Vladov avaient été égorgés.
Qui que soit le commanditaire de cette attaque, il ne voulait pas laisser de témoins...
Vladov me proposa d’interroger les prisonniers. Je leur poserais les questions, tandis qu’il lancerait un sort d’ESP afin de lire dans leur esprit.
Nous n’obtînmes rien de bien précis, si ce n’est que leur camp de base devait se trouver dans une clairière dans la forêt, et que le rouquin traître à l’équipage était un des deux chefs.
Ces trois-là n’étaient que des mercenaires payés pour nous abattre, ils ne possédaient que peu d’informations.
Nous décidâmes de repartir en les ligotant à bord. Le capitaine les livrerait à la justice du tribunal de Kelvin, malgré les protestations du druide.
Le reste du voyage fut plutôt calme, tandis que certains de mes compagnons prirent la place des rameurs blessés ou morts. Je m’occupais de procurer tous les soins qui étaient en mon pouvoir.
Nous arrivâmes, au 3e jour, en vue du
bac de « Misha ». Le batelier nous déposa là en nous disant qu’étant une chasseresse née, ladite Misha ne serait peut-être pas de retour avant le crépuscule, accompagnée de son familier… Un ours des cavernes !
Mes compagnons s’installèrent alors dans le bâtiment qui faisait lieu d’auberge au milieu de cette petite place fortifiée par des barricades en bois. Je restais à l’extérieur pour prier, loin du vacarme, et n’ayant pas été invitée à rentrer dans le logis par sa propriétaire.
Claymor et Ru-Kani décidèrent, au bout d’un moment, d’aller faire un petit tour en forêt, non loin de là, pour voir s’ils trouvaient Misha.
Ils n’eurent pas sitôt passé le portail des fortifications qu’un
gigantesque ours, l’œil injecté et la bave aux lèvres, sortit du bosquet et chargea sur eux !
Il semblait pris d’une rage frénétique. Mais le druide, brandissant son bâton, incanta dans un langage inintelligible, et imposa sa volonté à l’animal, le stoppant dans sa course.
Malheureusement, la colère de l’animal ne faiblissait pas, et le druide nous demanda d’aller chercher sa maîtresse tandis qu’il le tenait sous son influence.
Après une demi-heure de marche forestière, nous trouvâmes le corps exsangue d’une femme, que la vie avait malheureusement quittée. Elle présentait de nombreuses blessures, mais plus particulièrement des traces de morsures à la base du coup. C’est cela qui inquiéta le plus Claymorh et moi : seuls les vampires étaient capables d’aspirer ainsi tout le fluide vital de leur victime.
Nous retournâmes au bac, où le druide tenait encore l’ours. Le nain déposa le corps inanimé à bonne distance du mastodonte. On pouvait voir que l’ours avait des blessures similaires à celles de la femme sur les épaules et le cou. Ru-Kani cessa alors d’influencer le monstre, espérant qu’il se calmerait de lui-même, voyant que nous n’étions pas responsables du meurtre de sa compagne.
Il n’en fut rien, l’ours chargea de toute son inertie le nain qui se trouvait devant le cadavre. Nous nous étions bien heureusement préparés, et nous n’eûmes d’autre choix que d’abattre la créature à coup de flèches avant qu’elle n’atteigne le nabot.
Je me précipitais alors sur elle, accompagnée du druide, afin de lui administrer les premiers soins nécessaires à sa survie. Ni le jeune homme, ni moi, ne pouvions nous résoudre à tuer cette créature, que la peine et le désespoir d’avoir perdu un être cher avait rendue folle.
Les autres proposèrent de l’achever, ce à quoi Claymor, Ru-Kani et moi nous opposâmes.
Je récitais alors les derniers sacrements de l’église pour la défunte que nous étions en train d’enterrer. Je priais Valérias, afin qu’elle réunisse ses deux âmes si étroitement liées, et Zirkev, qui prône la symbiose entre les humains et les animaux, afin que leurs esprits se rejoignent dans la vie, ou dans la mort.
Valérias, Immortelle de l'amour et de la passion !
Tes dogmes me poussent à aider les créatures en symbiose.
La passion, au delà de l'amour, semble avoir brisé cet ours,
par la perte de Misha avec qui il avait créée un lien profond
Zirchev, Immortel de la chasse et de la nature !
Prends en pitié ces deux âmes liées par l'amour de la nature.
Tes préceptes nous apprennent à respecter et à aimer les animaux
Vois comme ta volonté fut respectée par Misha et son ours !
Par la foi de l'Église de Karameikos, par Zirchev et par Valérias
Que ce couple soit à nouveau rassemblé dans la vie...Ou la mort !Nous passâmes la nuit dans l’auberge, à l’exception de Claymor et Ru-Kani, fervents adorateurs de la nature, qui veillèrent l’ours toute la nuit. Le lendemain, la bête se releva de ses blessures, et s’enfuit dans les bois.
Nous prîmes alors la route de Sukiskyn, afin de rejoindre notre commanditaire, à une journée de marche de là, longeant la rivière, guidés par Claymor, qui connaissait bien la région. Et pour cause : c’était avec les elfes de cet endroit qu’il avait vécu le début de son existence, à l’autre bout de la forêt.