Comme promis, je fais un petit résumé de ces vacances un peu dingos en Sibérie lac Baïkal.
En fait y aurait tellement de choses à raconter que vous vous endormiriez avant de finir la lecture, donc je vais synthétiser autant que je peux.
---
L'idée de ce voyage me trottait en tête depuis qqs temps, et mon pote Thierry a accepté de me suivre dans ce périple.
Je dis périple, car pour qqun qui parle pas la langue du pays, partir à des milliers de km et qu'on n'a rien d’autre comme contact et info que le nom de l’aéroport d'arrivé (Irkoutsk) ben ça demande d'être un peu téméraire.
Pour arriver à Irkoutsk, c'est en plusieurs étapes:
Lyon --> Paris; Paris --> Moscou; Moscou --> Irkoutsk... puis transport locaux (qui à eux seuls mériteraient une page de récit, mais bon...)
Première escale à Moscou; chez ma grand-mère, 2 jours: pour que je m’achète une carte sim russe, faire qqs préparatifs et refaire les sacs à dos avec uniquement que le nécessaire pour vivre de façon complètement indépendante sur une durée de 2 semaines. (Ne sachant pas trop où on va, y a de l’équipement à prévoir...)
Arrivés à l'aéroport d'Irkoutsk à 5h du matin ( sans dormir). Il fait frais... et y a là la grande question: "et maintenant, on fait quoi?"
On arrive à se dépatouiller dans la ville pour choper les bons bus jusqu'au marché local, ou on achète des vivres de base pour ~2 semaines, puis go : on trouve une sorte de navette qui nous conduit au bord du lac Baïkal, après 4-5h de route à travers les steppes:
Arrivés au lac, par une route presque entièrement goudronnées (oh la classe!) on prend une autre navette qui nous embarque sur le ferry pour rejoindre l’île d'Olhon, appelé aussi le cœur du Baikal.
Traversée par le ferry :
On roule ensuite encore une bonne heure sur l’île. Sur l'ile il n'y a aucune de route, il y a que des pistes sablonneuses avec plus ou moins de cailloux dessous. (Ce qui explique le genre de voiture qu'on y trouve aussi, chez les locaux: cad celles qui y survivent ! lol )
Cette partie de l’île n'est que steppes. On commence à un peu douter de comment on va faire notre séjour ici, alors qu'il y a pas 3 arbres... C'est genre: "Mais qu'est ce qu'on fou là? ... "
Finalement les arbres ils étaient pas dans cette partie de l’île! Ouf !
On arrive à Hudjir, la ville principale de l’île (qui doit être plus petite que Romans).
Hudjir :
On se décide à prendre un gite, car plus aucune force de trouver un coin et de monter le camps, après près de 48h sans dormir et enchaîner les transports.
En descendant de la navette, j’entends une femme qui crie (en russe évidemment): "qui veux un logement?" Je braille - "Nouuus!"
Le lendemain on vadrouille dans Hudjir, on se trouve un autre gîte, avec une proprio vachement sympa.
Les gîtes sur place c'est des petites piaules en bois, le wc est à l’extérieur dans un cabanon en bois, l'eau courante c'est pas systématique. Souvent tu gère avec qqs bassines.
On pars regarder ce qu'il y a d’intéressant autour du patelin :
Déjà aller se baigner dans le Baïkal ! (L'eau est étonnamment bonne de ce coté, ~ 19°, je m'attendais à plus frais, mais ça viendra! )
Y a qqs "bagnas" le long de la plage, comme cet ancien camion militaire emménagé. C'est des saunas à la russe. Tu entres dedans tu te chauffes, puis après t'en sort et te jette dans le Baïkal, et tu recommences ! Ça vaut le détour, on en a fait à la fin du séjour, c'était bien sympa!
Ensuite on se rend sur le site de Chamanka, la falaise de références des chamanes (c'est une de mes grosses motivations à faire ce voyage à vrai dire).
L'entrée se fait entre des poteaux ornés de bandelette colorés laissées là par les chamanes bouriates lors de rituels.
Un lieu fort, apaisant et très beau. On a passé beaucoup de temps à méditer là.
Le soir on s'est fait embarquer dans l'anniversaire des fistons de la proprio de notre gîte. C'était à mourir de rire, on a été intégré dans le groupe comme si c’était nos amis depuis toujours, on s'est tapé des délires franco-russes, des vodkas à flot, le repas y avait aucun ordre, et apparemment tout le monde s'en foutais, de manger des brochettes après les fruits et les gâteaux, et de toute façon tu bois une vodka et tu recommences! lol.
Après 2 jours en ville, on fait nos sacs à dos et on part à pattes se taper les 20km vers un lieu de l'autre coté de l’île où y a normalement juste des coins pour poser des tentes, mais pas d'habitants. On voulait partir dans de la nature, dans la vraie!
La journée a été assez épique ! Au début marchant vaillamment avec nos 20 et 25kg respectifs sur le dos, puis au fur et à mesure des steppes, des collines, et des orée de bois, la fatigue...
---
On avait trouvé une sorte de chemin longeant les bois. A ce moment là y a un p'tit camion qui passe, s’arrête, nous fait monter à l’arrière, en plein air, comme à l'ancienne. On papote avec les gars, un ancien militaire, un bouriate et 2 nanas. On fait, selon leur traditions, des arrêts à plusieurs reprises pour "brizgat", cad boire tous ensemble une vodka, après en avoir envoyé qqs gouttelettes au vent pour les esprits du ciel, qqs gouttes à la mère Terre, et des gouttes pour ses proches et pour soi.
Ils nous laissent à une carrefour, en nous ayant avancé de 3-4 km. On rigole pour rien, à moitié bourrés, dur de reprendre la marche! lol
Arrivés à l'orée du bois, on installe nos hamacs pour se reposer un peu.
On reprend la route. Rencontre avec une statue chamanique, à laquelle si t'es une femme, pour avoir de la chance, faut y tenir le kiki! lol
La journée avançant, et bientôt le crépuscule, on était dans les bois, il restait un quart du chemin environ, encore pour 2 bonnes heure de marche, certainement en plein nuit. On était éclatés et allaient juste avoir assez d'eau pour finir le parcours...
Une voiture arrive en face, bravant les espèce de faussés sableux que sont les "routes" dans les forets. C'était un p'tit couple tout sympa. Ils s’arrêtent, nous disant: ben vous êtes pas encore arrivés? (Ils nous ont vu à l'aller). Du coup ils nous disent, que là où on va, ils en viennent tout juste. Et voilà que paf, ils font demi tour nous chargent et nous emmènent sur les qqs derniers km qui nous séparaient de l'autre coté de l’île et du lac (et surtout de son eau qui était sur le point de nous manquer!)
En arrivant, ils nous présentent à un pêcheur local, en lui disant en riant, "Dima, on te ramène 2 étrangers à moitié morts" mdr Et ils repartent.
On monte le camps tant qu'il y a encore qqs lueurs.
Vu du camps, de jour :
Plus ça va plus on hallucine sur le coté accueillant et la gentillesse des gens. C'est très émouvant de sentir ces élan qui vient du cœur, sans calcul, sans faux semblants. Ils sont simples, justes et sans prises de tête, et c'est vraiment très très touchant.
Dans le genre leçon d'humanité, c'est très beau...
---
Ce soir là on est invités à manger par le couple de pêcheurs qui avaient leur tente dans le même pré. Ils étaient adorables. Ils nous disaient "vu l'heure et votre fatigue vous aurez pas le temps de vous faire à manger, allez venez!" Tout ça en sortant des petits ramequins de vodka et en nous proposant de boire à l'Amour Universel. Excellent.
Ils nous ont fait goûter des préparations de boulettes de poissons du Baïkal qu'ils ont pêchés. Super bons!
Les qqs jours qui ont suivi ont été juste extra! Un autre couple de pécheurs, plus âgés ceux-là, sont venus s’installer pas loin également. Ils nous ont aussi convié à manger, à d'autres moments.
Le pêcheur Dima qui "travaille" là en faisant faire des sorties en bateau avec des cannes à pêche aux touristes qui s'inscrivent dans leur petite société à Hudjir était aussi un gars extra, tout comme son ami et collègue Vova, avec qui ils travaillent. Des gars qui ont bien baroudé, ont été chefs d'entreprises et haut placés, qui finalement se sont rendu compte que ce qu'ils aimaient vraiment c'était cette vie toute simple, d'aller à la pêche, le contact avec les gens et cette nature magnifique qui les entoure. What else?
Pendant ces qqs jours, on avait optimisé un peu notre camp, installé une "table", cad ramené des galets et les avons posé sur le sol, pour pas avoir les herbes qui collent sur les affaire mouillées.
On buvait l'eau du Baikal, considéré comme la plus pure au monde. Presque tous jours on se motivait pour une brève baignade. (Bon de ce coté, cad du coté de la faille de 1637m de profondeur du lac, l'eau était nettement plus fraîche. Elle devait entre en dessous des 13 - 14°).
Les 2-3 repas de la journée on les préparait sur un p'tit feu de bois, même le café du matin. De toute façon, étant partis avec le minimum, on n'avait pas de réchaud à gaz avec nous.
On explorait le coin, crapahutant à droite à gauche, avec les amis ou en solo, juste pour écouter le silence.
P'tite vodka avec les copains en haut d'une falaise, truffée de kernes sacrés :
Y a eu des tentatives de pêche aussi.... bon, pas de bol la façon dont nos lignes étaient montées ne correspondait pas aux poissons de ces eaux, tant pis. Par contre j'ai eu de super cours de pêche! J'espère m'en servir lors d'une prochaine fois!
Tant qu'on est dans les animaux, il y avait les monstrueux sousliks! Fallait rien laisser traîner comme bouffe au sol, sinon c'était perdu! Ils rodaient autour sans relâche! On accrochait tout dans les arbres du coup...
Puis les combats de mouettes pour les restes de poiskaille :
Parmi les gens qui m'ont aussi beaucoup marqué, y avait 2 jeunes-hommes de Vladivostok, qui sont venus jusqu'à là en voiture, à travers la moitié du pays. Pas froid aux yeux! Je les ai surkiffé! On a passé plusieurs longues soirées autour du feu à papoter de nos rêves d'exploration. (Le prochain projet, si ca arrive à se poser, c'est de descendre les 5000km de la rivière Léna en radeau en bois, comme Tom Soyer! J'essaierai de faire partie du voyage. L'aventure m'a l'air palpitante! ^^).
Ils ont aussi appris à Thierry à parler l'argo russe. Fou rire général! XD
Le dernier soir on avait réussi à rassembler presque tout le monde autour de notre feu. (Et pourtant, notre campement c'était le plus roots et on avait aucune commodité, mais comme on avait facilement tissé des liens avec tous, on a joué un peu le rôle de rassembler les gens.)
Quand on a décidé de quitter les lieux c'était dur, autant pour les paysages que pour les copains.
Mais bon, on avait encore du temps et des nouveaux horizons n'attendaient qu'à être explorés! :-)
On retourne à Hudjir...
Suite quand j'aurai le temps de l'écrire...