Extrait du journal du cartographe
28e jour de l’expédition :Au matin, nous établîmes un plan de vol : nous devrions nous déplacer plein nord pendant 4 ou 5 jours pour attendre la Plage de la Mule, ville opposée au Chameau de Mer au nord du continent.
Nous survolâmes ainsi, toute la journée, un paysage de mangroves et de marais côtiers. Je profitais de ce repos pour parfaire ma connaissance des plantes, par une lecture attentive du livre d’herboristerie disponible dans la bibliothèque de bord.
29e jour de l’expédition :Nous continuons notre voyage au dessus des mangroves. Celles-ci se changent bientôt en forêt tropicale. Solinaris nous indiqua qu’elle portait bien son nom : « la Forêt Pluvieuse ». Aucune rencontre particulière à signaler.
30e jour de l’expédition :Le paysage n’a pas changé. Nous apercevons au loin des montagnes. Mes compétences de cartographie furent confirmées par les connaissances de Solinaris : il s’agissait bien là de l’habitat des Pygmées que nous avions rencontré plus tôt dans notre aventure.
31e jour de l’expédition :Nous survolons maintenant de la savane, rase mais verdoyante. Nous arrivons dans la soirée au large de la Plage de la Mule. Le bateau put amerrir et passer la nuit au port. Quand nous partîmes faire un tour en ville, nous tombâmes sur une affiche publicitaire, placardée sur quelques murs :
« Achète animaux sauvages en provenance du bush, paie par tête :
- 100 PO par chameau
- 75 PO par cheval
- 30 PO par mule
Contacter Bondee SLAGOMANN. »
Il s’agissait bien là des traces de la famille de Kazandra : son père.
Sur place, on nous décrit la voie maritime vers Slagovich, longeant un bush, dont les rives sont tenues soit par des brigands, soit par les armées de la ville portuaire au nord, qui impose des taxes de passage aux commerçants.
32e jour de l’expédition :Au départ de la Plage de la Mule, nous survolâmes le fameux bush : savane aride peuplée de chameaux et de « gros lapins qui sautent », dont l’une de nos elfes, Abel FORCIA, nous avait « pêché » un spécimen au début du mois.
Nous comprîmes alors mieux le commerce de la famille SLAGOMANN, étant donné la faune locale de bêtes de bât sauvages.
33e jour de l’expédition :Nous survolions toujours le bush pendant la journée. Solinaris posa le navire à quelques miles de Slagovich.
Au soir, ce dernier nous invita dans le carré des officiers, afin de faire un point sur la mission.
Nous allions rentrer dans le Golf de Hule, au sud de l’empire éponyme. Notre but, à notre arrivée sur place, serait de glaner un maximum d’informations sur les états et les guerres dans la région. Ceci serait très utile à nos commanditaires, dans l’optique d’ouverture de nouvelles routes commerciales.
Kazandra SLAGOMANN prit alors la parole, et nous conta tout ce qu’elle savait sur sa contrée d’origine :
« Il y a dans le golfe 5 Cités-Etats indépendantes : Slagovich (notre but à court terme), Nova Svoga, Hojah, Zvornik et Zagora. » Tous ces noms sonnaient à notre oreille comme étant d’origine Traladarienne.
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« Ce sont toutes des villes portuaires, avec chacune un petit royaume, dont le roi est appelé un « Margrave ».
Au nord s’étend le territoire de Hule, enclavé dans des montagnes peu praticables. Ces terres appartiennent à l’empire. »
A propos de Slagovich même, la marchande nous conta ceci : « c’est un ancien Bastion installé sur les plateaux qui surplombent les falaises. Le golfe est en effet cintré par d’abrupts murs de calcaire, qui empêchent tout accostage aux navires.
Au commencement, on la nommait Slagovich Le Bas, car elle est établie dans la seule crique accessible à des lieux à la ronde. Ceci en fait un port prospère.
Puis, le bastion fut construit au sommet des falaises, et Le Bas devient un simple port de pêche. En effet, les hauteurs donnent une position défendable… »
Mais comment les bateaux font-ils pour y accoster, alors ? A cette question la marchande nous répondit qu’une installation portuaire « très spéciale » a été inventée et construite sur place. Mais elle ne nourrit que peu de détails, nous disant que nous nous rendrions compte par nous-mêmes.
« Le Bas devint un dortoir pour tous les gens de classe pauvre à moyenne, tandis que Le Haut abrite derrière ses murs épais les riches, les artisans, les magiciens… »
Elle en vint à décrire la ville et ses bâtiments. La chose la plus étonnante dont elle nous fit part était que les murs étaient construits avec des restes du « Cinnabryl », un métal de couleur rouge-brun, apparemment bien plus rare que l’or, et dont Slagovich était la seule des 5 cités à détenir un filon sur ses terres.
Ils utilisent également ce métal pour créer leur propre monnaie locale :
1 brillant (90% d’argent + 10% de Cinnabryl appauvri) = 1 pièce de platine
1 clair (98% de cuivre + 2% de Cinnabryl appauvri) = 1 pièce d’or
1 faible (brillant appauvri) = 1 pièce d’argent
1 sombre (clair appauvri) = 1 pièce de cuivre
La ville connait désormais une activité commerciale intense. Cependant, la majorité de sa population était constitué des mineurs de la basse classe. Mais on pouvait également rencontrer là-bas beaucoup d’ingénieurs hydrauliciens. L’installation portuaire spécifique de Slagovich commence à se préciser.
D’un point de vue historique, la marchande nous confirma que ce sont des ressortissants Traladariens qui ont construit la cité, il y a de cela 5 siècles. Ces derniers fuyaient les persécutions religieuses perpétrées dans la région de Karameïkos, à l’encontre de leur religion : le Culte de Halav.
Inutile de préciser que, à ces mots, Rabalam, notre prêtre de la même église, redressa les oreilles et bomba le torse...
Un prêtre du Culte les guida en ces terres, leur promettant d’y trouver le fameux tombeau de l’immortel. Cette prophétie était celle de « l’Age d’Or ».
Durant les dernières décennies, des guerres contre le maître maléfique de Hule avaient ébranlé les murs de la cité.
Il y a 10 ans de cela, une violente bataille éclata, sous le règne de Miosz 2, le Margrave de l’époque.
Mais il n’était qu’un enfant. Aussi reçu-t-il l’aide du capitaine Alphatien du Princess Arc : Haldemar. Ce fut cette fois les yeux de Solinaris qui se mirent à briller. En effet, il s’agissait d’un des plus grand héros de la flotte Alphatienne, et du modèle de carrière de notre magicien.
Ainsi ce personnage, épaulé par les Chevaliers de Halav, prêta main forte à Slagovich, et ils réussirent ensemble à repousser l’envahisseur.
Quelque temps plus tard, Zgozod du Rubis, un "Héritier" de l’empereur de Hule, failli supplanter Miosz 2 par un complot, si ce dernier n’avait été conseillé par son oncle Stavro, le chef des armées… de Halav.
Ainsi, 2 fois par an, un échange de Cinnabryl contre l’Acier Rouge de Hule est effectué en mer, escorté de près par les Chevaliers de Halav.
De mon point de vue, que de tels ayatollahs aient pignon sur rue dans cette cité ne peut rien apporter de bon pour les affaires…
34e jour de l’expédition :Le lendemain, dès l’aube, nous naviguâmes vers Slagovich. De grandes falaises calcaires de 100 à 200 mètres de hauteur nous servaient de rive : il n’y avait effectivement aucun moyen d’accoster dans la région, pas même une toute petit plage.
Nous arrivâmes dans la fin de la matinée en vue d’une crique : Slagovich Le Bas. Il était effectivement comme on nous l’avait décrit : petit et simple, on semblait y vivre de la pêche. C’était une ville-dortoir de pauvres honnêtes gens… pathétique...
Nous continuâmes notre voyage sur 1,5 km, jusqu’à ce qu’une falaise de 175 mètres de haut arrive en vue. Une immense caverne semblait avoir été … « taillée » ??
Oui, c’est bien ça, taillée dans le calcaire ! Elle avait une forme de fer à cheval de 50 mètres de rayon. D’énormes runes de 1 à 3 mètres d’envergure étaient travaillées dans le roc, au dessus de l’entrée. Cette dernière était obstruée par une énorme chaine qui nous barrait le passage.
Un bateau Slagovien nous aborda, et nous dûmes payer une taxe pour être autorisés à rentrer. Solinaris s’occupa seul de négocier le prix… sans la moindre aide de la locale qui voyageait avec nous.
Kazandra lâcha un petit « Comment ça ? J’aurais oublié de vous parler de la taxe ? » Si elle ne nous avait pas dit que son père nous récompenserait de la ramener chez elle, je me serais imaginé sans problème l’avoir jetée par-dessus bord avec l’aide du nain…
Le capitaine Slagovien prit les commandes du navire, sous le regard perçant de son propriétaire, afin d’effectuer la manœuvre. Nous rentrâmes ainsi dans la grotte. Elle était aménagée de pontons sur lesquels vaquaient dockers, gardes et magasiniers.
Nous arrivâmes au bout de quelques instants dans une salle en dôme. Le bateau fut placé en son centre… au milieu d’une eau frénétiquement agitée, comme en ébullition !
Puis le capitaine Slagovien donna l’ordre…
Les remous sous le bateau s’accentuèrent. L’eau semblait prendre vie. Des gerbes d’eau furent projetées en tous sens par des geysers…Puis, d’un coup d’un seul, l’eau se souleva sous le navire, l’emportant vers le haut, dans une gigantesque cavité aménagée au plafond.
L’Enchanteur remonta cet espèce de puits extrêmement profond, dont le plafond nous semblait fermé ! Mais avant qu’aucun d’entre nous ait pu pousser un cri, celui-ci s’ouvrit, et le navire fut projeté hors du tunnel par de grandes gerbes d’eau.
Le trou se referma dans l’instant, et nous nous retrouvâmes à voguer au centre du port de Slagovich Le Haut, sur une mer d’huile.
Ainsi l’installation était-elle très impressionnante : ils utilisaient un geyser aux proportions gargantuesques pour envoyer les bicoques vers le sommet de la falaise ! Grandiose ! Un amateur d’ingénierie comme moi ne put qu’en être stupéfait. Mécanique des fluides ou magie ? Probablement les deux, à vue de nez. Quoi qu’il en soit, notre entrée en ville fut tout ce que l’on peut qualifier d’impressionnante...
Une fois arrivés à terre et remis de nos émotions (fortes), la marchande nous guida jusque chez elle, à travers un dédale de quartiers séparés par de nombreux canaux, dans lesquels la navigation semblait se faire par gondoles.
Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises… une fois devant la boutique des SLAGOMAN, nous trouvâmes sur place deux employés dans tous leurs états. L’un d’eux désigna une feuille de papier placardée sur la porte :
« Nous détenons Bondee SLAGOMAN.
Rendez-vous demain soir, sur la place du marché, avec 100 000 PO en gemmes.
Si vous refusez de coopérer, nous l’exécuterons.
∞ »
Quelqu’un nous avait semble-t-il devancé…